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Page:Pougy - Idylle saphique, 1901.djvu/100

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IDYLLE SAPHIQUE

— Que tu es drôle, Moon-Beam, en cet accoutrement ! Tu as l’air d’un cow-boy… où vas-tu donc ?

— J’ai pris l’âme et le costume d’un petit vagabond de chez nous pour te distraire et te servir aujourd’hui… Je serai ton valet et tu ordonneras à ta guise, veux-tu ?

— Ah ! tu es bien folle, mais si gentille !… Écoute, non… elle l’attira sur son lit et se mit à la caresser… Non, Flossie, je ne puis accepter ces belles choses.

— Et pourquoi ?… Tu les exigeais d’un amant et tu me les refuserais ?

— Mais toi, Flossie, ce n’est pas la même chose, tu es une femme, une amie d’hier, je ne puis vraiment…

— Mais toi, Nhinon, n’es-tu pas mon idole ? Je te parerai… je te dresserai des autels. Ah ! mes désirs, mes désirs !… Près de toi, ainsi couchée, tiède encore de la douce chaleur de ta chair endormie… oh ! comme ils me reprennent, mes furieux désirs,… et Flossie s’étendait lascive sur la blancheur des batistes… Mon idole ! Te parer ! T’emmener dans un royaume éthéré et immense ! Un rayon de lune serait notre coursier rapide. Je cueillerai les petites étoiles et t’en formerai de superbes parures que je placerai tout autour de ton cou… Le bord escarpé de l’Océan sera une auréole pour ta tête d’ange, tes fragiles pieds auraient pour tapis mon cœur… il battra tout doucement afin de ne pas les faire chan-