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Page:Pougy - Idylle saphique, 1901.djvu/110

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VII

L’amant très riche et très quelconque d’Annhine la trouva en négligé, terminant son premier déjeuner. Il passait seulement pour un instant. La veille, ils s’étaient séparés mécontents l’un de l’autre. Ensuite, dans la soirée, il avait téléphoné chez elle à plusieurs reprises, invariablement Ernesta avait toujours répondu que Madame était sortie très nerveuse et sans donner aucun ordre. Il était inquiet, ayant peur de la perdre, alors qu’il en était très amoureux ; il n’avait pu y tenir, et après une nuit sans sommeil, ce matin il avait fallu qu’il vînt la voir un instant afin de s’expliquer avec elle. Il faisait folies sur folies depuis les trois années qu’il la connaissait, ne lui refusant rien : ce somptueux hôtel, ces chevaux blancs, un des derniers caprices de la jolie femme, de merveilleux écrins, toujours la satisfaction immédiate de quelque nouvelle et coûteuse fantaisie. Sa fortune était énorme, c’était vrai, mais pas autant qu’on se plaisait à le dire. Puis il