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Page:Pougy - Idylle saphique, 1901.djvu/136

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IDYLLE SAPHIQUE

Nhine réfléchissait :

— Cela m’ennuie d’aller chez vous… on peut me rencontrer, et chez moi c’est impossible…

— Comment, Madame ! Mais on ne vous verra pas !… Vous prendrez un bon sapin bien fermé, vous aurez une toilette sombre de femme du monde et une épaisse voilette de dentelle qui dissimulera vos traits. Je vous attendrai derrière la porte qui sera entr’ouverte, vous n’aurez qu’à pousser sans vous donner la peine de sonner… vous entrerez dans le couloir désert, sans vous préoccuper du fiacre que je ferai payer ensuite. À la sortie vous en trouverez un autre qui vous attendra au coin de la rue pour ne rien afficher, une fois dedans vous vous ferez conduire par ici… pas justement chez vous… à une centaine de mètres, par exemple, et ce sera une affaire faite : vingt-cinq mille balles de plus, et qui peut savoir le reste ?… Est-ce entendu ?… Convenu ?…

Comme Nhine se taisait, Tesse dit :

— Mais oui, bien sûr, pas, Nhinon ? C’est chic de courir les dangers de son état, surtout lorsque c’est si bien payé !

— Je vous donnerai aussi cent louis, déclara Nhine.

— Madame était bien bonne, bien généreuse, oh ! on la connaissait bien pour telle sur la place de Paris… Alors ce serait une bonne journée pour tout le monde !

— Mais je les veux d’avance, vous savez, je n’ai