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Page:Pougy - Idylle saphique, 1901.djvu/142

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IDYLLE SAPHIQUE

vous devriez rapidement lui faire quitter Paris pendant quelque temps, l’emmener, faire un petit voyage avec elle… dans le Midi, en Italie, en Espagne, nous vous accompagnerions, n’est-ce pas, Georges ?

— Mais vous la connaissez, Altesse, elle ne m’écoute pas, et puis je ne suis guère libre,… il eut un regret dans la voix. Quoique pourtant, si cela était nécessaire, je trouverais bien moyen de faire ce qu’il faudrait. Mais ce n’est rien ! Elle a du ressort, c’est un mauvais moment à passer. Je l’ai contrariée hier, et ce matin.

— Que complotez-vous là ?… Et Nhine venait à eux, une lueur inquiétante dans le regard… Dites-moi, Georges… elle s’appuya câlinement sur l’épaule du vieux savant… dites-moi ce qu’ils ont tramé contre ma tranquillité, ces deux-là !

— Oh ! la sirène, voyez comme elle sait s’y prendre, elle profite de ce que Georges ne peut jamais rien lui refuser… Eh bien, dit résolument Tesse, on a parlé d’un petit voyage… à nous quatre… ou à nous trois, se hâta-t-elle d’ajouter.

Nhine fronçait le sourcil, mécontente :

— Mais je t’ai déjà dit que nous… c’est drôle, voyons, je ne suis pas une enfant, je sais me conduire… Vous êtes là à vous mêler de mes affaires… quand j’aurai envie de partir, je partirai… pas avec vous d’abord… avec toi, Tesse, oui, mais seules, toutes deux, vers de nouveaux pays, vers de nouveaux