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Page:Pougy - Idylle saphique, 1901.djvu/173

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IDYLLE SAPHIQUE

tres, où s’ouvraient des yeux d’oudjii ironiques et froids, tachetés d’émail, sphinx énigmatiquement fanatiques. À son bras droit, vers le haut du poignet s’enroulait un serpent de jade clair veiné de blanc.

— Ces yeux qui luisent sous le velours me semblent très beaux et déjà connus ?… dit-il.

— Tous les amants de la lune se comprennent et se reconnaissent, répondit aussitôt Flossie, c’est pourquoi je t’admire. Tu n’as nul besoin de savoir mon nom. Qu’est-ce qu’un nom, après tout ? Une désignation stupidement quelconque…

— Pour quelqu’un qui ne l’est pas, je gage !… Annhine, ton amie m’intéresse ! Je vous suis et vous garde.

Et ils déambulèrent ensemble à travers les salons.

— Cette jolie personne qui tourne lentement là, et très à contre-temps, avec ce petit marmiton de satin blanc, c’est Suzanne de Blinges, la belle Suzon… elle est superbe ainsi, enveloppée dans cette lourde dalmatique de brocart jaune fleurie de lotus aux merveilleux calices nacrés, tissés d’argent mat. Cette fille a un goût exquis… Regardez-moi cette façon dont elle a su relever ses cheveux avec ce pendentif d’argent bruni où est ciselée une tête de méduse aux énormes yeux glauques, dilatés, striés d’or. Je déplore son affectueux attachement pour cette glace à la