Aller au contenu

Page:Pougy - Idylle saphique, 1901.djvu/175

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
165
IDYLLE SAPHIQUE

vif et de dentelles noires, au teint safrané, des Bacchantes aux grappes offertes, aux seins nus, aux écharpes déchirées par l’orgie, des timides Bergères, paniers et lèvres retroussés, mouche assassine, jupes courtes emportées par le tourbillon, des Guerriers de haute stature encuirassés et empanachés, dont les bottes sonnaient très fort… et des Moujicks, des Persans, des Romains, des Fées envoilées de verdures et de gouttes d’eau… couleur du Jour, couleur des Cieux et des Lacs reflétant les Nuits étoilées et sans nuages, les Nuits propices, les Nuits d’amour ! Çà et là, une note comique d’un Alphonse de barrière et de sa Gigolette, groupe drôle et bon enfant : elle, chignon haut, accroche-cœurs, petite jupe, corsage peuple et rebondi, mine éveillée ; lui, pantalon amusant à grands ramages extravagants, veste d’alpaga ou blouse bleue, foulard rouge au cou, et la fameuse casquette à ponts ! Deux mariés de village tout mignons et enrubannés, puis l’inévitable masse des Pierrots, Pierrettes, Arlequins, Clowns agiles et pleins d’entrain, Henris II fats et superbes, conscients de leur beauté, Chinois chamarrés de broderies, Bretons, Napolitains, Polichinelles… Diane avec son arc et Minerve casquée d’or, Vénus, admirable en la nudité universellement célèbre et célébrée de Nebbai, la petite actrice des Variétés, puis Méphisto, rouge du feu du gouffre noir, violent des flammes de l’enfer,