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Page:Pougy - Idylle saphique, 1901.djvu/189

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XIV

Elles furent de grandes voyageuses, traversèrent hâtivement les altitudes éthérées de la Suisse, longèrent le Rhin, puis abandonnant les cimes de neiges et de glaces, elles descendirent vers Munich et de là s’en furent visiter l’Italie.

Venise les posséda un peu plus longtemps que les autres villes, car elles se plurent à vouloir y vivre les rêves de splendeur et de mélancoliques souvenirs qui grisent et imprègnent dès l’arrivée en l’antique cité des Doges et des Courtisanes, en ce pays de tout ce qui n’existe plus.

L’ami d’Annhine dût arrêter là l’attention de ses soins et retourner vers Paris, confiant sa maîtresse à la sollicitude amicale d’Altesse.

Elles se logèrent en un très vieux palais sur le Grand Canal, entre l’eau morte et un des rares jardins de la ville, triste et dépouillé. L’escalier de pierre descendait en tournant sur la profondeur sombre de la lagune et le glissement silencieux des