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Page:Pougy - Idylle saphique, 1901.djvu/230

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IDYLLE SAPHIQUE

Ma chérie, c’est un pays divin, en cette saison surtout ! Comment, tu ne connais pas Arcachon ! Mais il faut que tu le connaisses, ma Nhine. Ah ! tu respireras, là ! L’océan, du sable d’or, des arbres, des forêts de sapins aux odeurs balsamiques et réconfortantes, de ravissantes villas, des hôtels magnifiques, un ciel bleu, chaud et gai, c’est exquis ! Comment n’y avons-nous pas songé plus tôt ? On va s’arrêter là… un peu… veux-tu ?

Oui, attendre encore… ne pas rentrer !… instinctivement elles craignaient. Oui… s’arrêter, n’importe où… là où il est bon de vivre ! Encore une étape au soleil… un retard, oui, oui…

Et Nhine accepta.

À Arcachon, elles louèrent une villa, un petit chalet un peu éloigné, sur la montagne, en plein air, en plein bois, très sain, chauffé par le soleil de midi et garni de ces étranges petits meubles anglais, gais et blancs, confortables surtout. Nhine s’ingénia à orner la maison, elles descendirent en ville tout un jour et coururent les boutiques, empaquetant les soieries roses ou bleues, les guipures, les rubans, choisissant des vases de formes bizarres, décoratives, un service de table en faïence fleurie, de fines verreries.

— On restera longtemps ici, Tesse, mon ange, mon bon ange, disait-elle. Tu verras comme on s’y plaira. Ta chambre aura du rose partout, à tes fenêtres comme doublure, aux rideaux de ton lit. Dans la mienne ce sera du bleu, du bleu, toujours du bleu.