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Page:Pougy - Idylle saphique, 1901.djvu/264

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IDYLLE SAPHIQUE

Non, qu’elle lui permette d’aller l’attendre demain, à la sortie de l’atelier. Elle consentit, bonne fille : — C’est ça, venez demain, mais qu’il s’en aille, il ne fallait pas les compromettre devant le cocher de Madame.

Alors, ils se séparèrent. Altesse se tordait, Annhine était si bien entrée dans la peau du personnage qu’elle la gronda presque.

— Sois sérieuse, voyons, tu vas nous faire pincer !

La voiture était très loin. On les accosta encore.

C’était cette fois une bande de jeunes fêtards. Elle leur fit le même boniment. Ils voulurent les mener souper aux Halles. L’un d’eux, tout à fait emballé, prenait le bras d’Annhine et insistait, tandis que deux autres s’accrochaient à Tesse. Pour avoir la paix elles acceptèrent. Ils les conduisirent jusqu’à leur voiture.

— La voiture de Madame !… soupirait Nhine, quand est-ce que j’en aurai une comme ça ?…

— Bientôt, si tu le veux, joli bébé, lui dit son voisin. Commence modestement, les petits ruisseaux font les grandes rivières !

Ils hélèrent un fiacre. On devait se suivre et se retrouver chez Baratte. Au moment de partir, l’amoureux de Nhine, flairant une tromperie, se précipita sur son pied, et lui arrachant un de ses souliers :

— Comme ça, pas de lapin !… et il brandissait