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Page:Pougy - Idylle saphique, 1901.djvu/304

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IDYLLE SAPHIQUE

et en bon air. Tenez, l’été dernier, j’y ai placé Mademoiselle Marbaud, de la Comédie Française, elle en est sortie transformée. Vous viendrez la voir, vous deux seulement et sa famille, car il lui serait nuisible de recevoir la foule de ses connaissances. Elle emmènera sa femme de chambre, elle sera comme chez elle, on lui fera suivre strictement mes ordonnances. Ce sera le calme, la retraite rêvée, le repos absolu, elle en sortira fraîche, alerte, solide, plus forte que jamais.

Convaincue, Altesse dit :

— Oui, docteur, je vous comprends bien, elle ira. Dès que vous le jugerez bon, je me charge de lui faire entendre la chose.

Flossie remarqua doucement :

— Je trouve cela bien triste.

— Mais non, mais non, c’est nécessaire, il faut qu’elle le fasse. Si vous lui désirez du bien, il faut que vous l’y encouragiez aussi.

— Je le ferai, dit l’enfant… et après ?…

— Après, il faudra l’emmener un peu dans la montagne, aux eaux, la distraire.

Dans la petite âme troublée de l’enfant, un combat se livrait entre sa raison et son amour pour Nhine. Tout à coup, une expression résolue se fixa sur ses traits : bien, on fera tout cela !… Le docteur l’examinait surpris :

— Mais, madame ou mademoiselle, je ne vous ai encore point vue ici. Qui êtes-vous donc ?… Seriez-vous de sa famille ? Sa sœur, peut-être ?