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Page:Pougy - Idylle saphique, 1901.djvu/75

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V

— Tu as l’air d’une petite fleur de lin, ce tantôt, Flossie, avec ton costume bleu !

— Cueille-moi alors !

— Viens, qu’avant tout je te respire. Parfum suave, pénétrant, tu sens bon, Flossie !

— Et toi donc, ma Nhine ! l’odeur enivrante d’une fleur poivrée, énervante, désirée et qui se refuse…

— Quelle détestable planète ! Je suis malade, Floss, j’ai mes vapeurs, ainsi qu’on aurait dit deux siècles plus tôt, et puis figure-toi, une vive contrariété. J’avais vu chez Lalique deux merveilles : une petite bague exquise, d’or pâle et verdâtre, émaillée légèrement autour du centre formé par un gros diamant taillé en olive ; elle imitait une de ces petites sauterelles de prairie… unique… je te dis, et puis une pièce d’orfèvrerie représentant une branche de capillaire… un souffle, un vrai petit chef-d’œuvre… de clairs éclats d’émeraudes figuraient le bout des légères feuilles. Bref, mon seigneur et maître est