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Page:Pougy - Yvée Jourdan, 1907.djvu/196

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YVÉE JOURDAN

force, bien qu’atténuée. Elle ne contient pas de mauvaise pensée. Sa voix est lente et assourdie ; on y sent de la sainte résignation.

Je lui ai beaucoup parlé.

Elle a perdu son mari et six de ses enfants : voilà ses peines, ses regrets. Elle a des filles millionnaires, bien mariées à des notaires et à de grands cultivateurs. L’une d’elles — et c’est cela qui a été sa plus grande souffrance — s’est faite religieuse dans un ordre mouvant ; et on l’a envoyée, bien loin, dans le sud de l’Afrique. Ce fut un départ cruel, sans espérance. Elle ne doit pas revenir. Sa mère mourra sans la revoir. La petite vieille parfaite me disait cela plaintivement, mais avec soumission ; elle me disait cela, assise dans l’embrasure d’une jolie fenêtre de campagne, ouverte sur