Page:Poullain de La Barre - De l’égalité des deux sexes, seconde édition.djvu/66

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puter. Elles perſuadent tout ce qu’elles veulent. Elles ſçavent accuſer & deffendre ſans avoir étudié les loix ; & il n’y a gueres de Juges qui n’ayent éprouvé, qu’elles valent des Avocats. Se peut-il rien de plus fort & de plus éloquent que les lettres de pluſieurs Dames, ſur tous les ſujets qui entrent dans le commerce ordinaire, & principalement ſur les paſſions, dont le reſſort fait toute la beauté & tout le ſecret de l’éloquence. Elles les touchent d’une maniere ſi délicate : & les expriment ſi naïvement, qu’on eſt obligé d’avoüer qu’on ne les ſent pas autrement, & que toutes les Rhetoriques du monde ne peuvent donner aux hommes ce qui ne coûte rien aux femmes. Les pieces d’éloquence & de poëſie, les harangues, les predications & les diſcours ne font point de