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bate émérite, ingénieux caricaturiste pour ainsi dire de la danse, créateur d’une chorégraphie spéciale, cet habitué nocturne des lieux de plaisir devenait au jour, un commerçant laborieux, consciencieux, prévoyant.

« Au dire de ceux qui l’ont connu, « il s’amusa » honnêtement, joyeusement ; il ne fut jamais un professionnel.

« Émule, autrefois, des la Goulue, des Vif-Argent, des Grille-d’Égout, des Nini-Patte-en-l’Air, M. Renaudin est mort en brave homme comme il avait vécu, connu sous le tendre nom de « Grand-Père » que gentiment lui donnaient les bambins de Sceaux. »

Vraiment, cette curieuse figure, ce grand cadavre ambulant que l’on affirmait originaire de la Savoie, au bal Mabille au lendemain de la guerre, méritait mieux que ces courtes notes, car il fut pendant plusieurs années l’un des meubles vivants les plus curieux des bals publics de Paris. Grand, maigre, osseux, rasé, blafard et blême, la tête en lame de rasoir et anguleuse comme un Rochefort maigre, si j’ose dire, il était en effet fort souple et était l’un des exécutants, sinon des inventeurs, les plus épatants de cette fameuse valse tourbillonnante, qui, faisait l’admiration des étrangers et des étudiants fraîchement débarqués de leur province.

Au bout de deux minutes, les jambes écartées, il arrivait que sa danseuse valsait entre ses jambes et comme de l’autre côté, à tel point que l’on se