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été une compagne aimante et dévouée pour son mari, qu’elle soutint et encouragea aux heures difficiles de sa vie.

« Son frère, M. Léon Leenhoff, sculpteur et graveur de talent, correspondant de l’Institut, s’associa d’ailleurs, avec une fidélité éprouvée, à cette mission d’affectueuse sollicitude qu’elle remplit toute sa vie auprès de Manet. Ce fut lui notamment qui servit de modèle au peintre dans beaucoup de ses œuvres, et en particulier pour L’Enfant aux cerises et pour le Déjeuner.

« Par la mort de sa veuve, la famille de Manet se trouve réduite à une personne : sa nièce, Mme Emma Rouard, fille de Mme Berthe Morizot, qui avait épousé le frère cadet du peintre Eugène Manet. »

Cela remue naturellement tout un monde de souvenirs dans mon esprit ; j’ai un peu connu Manet et son ami Antonin Proust, le bel Antonin. Mais lorsque j’étais le collaborateur de Jules Paton aux Débats et au XIXe Siècle, nous suivions tous deux, an jour le jour presque, les efforts si louables de Durand-Ruel pour lancer les jeunes peintres impressionnistes-révolutionnaires de l’époque, et ce n’est pas sans émotion que je me rappelle ces souvenirs déjà lointains, alors que je n’étais moi-même qu’un critique d’art intermittent, si j’ose dire, et pour mon plaisir.

Mais depuis que de chemin parcouru ! et comme Durand-Ruel doit se féliciter de son courage et de son dévoûment à la belle cause de l’art !