l’heure des inévitables réparations, car je suis de
ceux qui croyent en la justice immanente de la
postérité, par cette seule et unique raison que nos
passions du moment ayant disparu, il n’y a plus
de motifs ou d’intérêts à ne point rendre justice
au mérite et au talent.
Je ne veux point entrer ici dans de longues discussions d’écoles littéraires qui m’éloigneraient inutilement de mon sujet.
Non, telle n’est pas mon idée et c’est pour cela que je tiens à m’exprimer aussi clairement que possible sur cette grave question et je dis que l’homme de lettres en poursuivant sa carrière, sans défaillance, sans broncher, imperturbablement, doit le faire en dédaignant les contingences plus ou moins malpropres du moment, les ambiances plus ou moins douteuses, les contacts plus ou moins équivoques, parce qu’il ne doit avoir qu’un guide au monde : sa conscience, comme je l’ai déjà dit plus haut, et parce qu’il poursuit deux buts également nobles, également supérieurs, également touchants dans leur apparente contradiction : le bien, la grandeur de son pays et le besoin d’immortalité qui est au cœur de tout homme qui pense, crée et réfléchit.
Là encore je dois m’expliquer nettement ; ce n’est pas un vieux libre-penseur comme moi qui permettrais que l’ombre d’une équivoque puisse seulement effleurer ma pensée. Aussi pour bien faire comprendre toute cette pensée sur un sujet éternellement jeune et palpitant, je crois que