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Page:Pourtalès - Deux Contes de fées pour les grandes personnes.djvu/48

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de soie. Il sollicita la protection d’un seigneur portugais attaché à la Légation, obtint de lui des lettres d’introduction auprès de philanthropes, entra chez ceux-ci par l’escalier de service et la cuisine, le dos humble, l’âme fière. Il connut la fureur des concierges et les bonnes paroles des grands. Il connut les jours où l’on ne mange pas, et les jours où tombe la neige fondue, et les jours désolés du printemps, et les jours où l’on se courbe doucement vers la terre. Il lui fallut quitter sa chambre dont il ne soldait plus le loyer. On lui indiqua, aux Batignolles, le taudis à dix francs par mois d’un mendiant qui venait de mourir. Il y transporta ses papiers et ses hardes. Comme son petit métier absorbait ses journées, il consacra ses nuits à l’étude et à la méditation. Ainsi, bien que son corps s’affaiblît, s’étiolât, son esprit demeurait toujours très haut, très pur, éloigné de toute faiblesse. Il lut dans un journal le discours d’un député socialiste et s’enflamma pour cet homme aux paroles généreuses. Il acheta sa photographie, en fit faire une réduction et la monta en épingle de