Page:Pourtalès - Deux Contes de fées pour les grandes personnes.djvu/56

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de l’usage de sa langue. Il s’exprima par gestes et découvrit que, la plupart du temps, cela était suffisant. Au début de cette ère de prospérité, il s’amusait parfois à se confectionner de petits repas savoureux. Puis, s’apercevant qu’il s’éloignait singulièrement de son système de morale il s’infligea, en guise de punition, des diètes prolongées. La lecture des gazettes restait une grosse affaire et il y puisait d’innombrables raisons de se récréer avec indifférence. Pourtant, si quelque feuilleton éveillait sa curiosité de trop intense façon pendant un jour ou deux, il corrigeait ce mouvement de faiblesse en changeant de journal. Enfin, il s’ennuya.

Il ne progressait plus. Il regretta d’obscures choses. Ces temps d’autrefois avaient eu leur saveur. Il se contraignit à de fastidieuses paresses, le matin, dans son lit. Puis, pour ressusciter des souvenirs chers à son cœur, il reprit un jour son carton de colporteur et s’en alla rapidement, en cognant les passants, comme un homme chargé d’affaires urgentes. Cette promenade lui procura une telle volupté qu’il la recommença tous les matins, filant dès l’aube,