Page:Pourtalès - Deux Contes de fées pour les grandes personnes.djvu/73

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joints sous la bosse de son ventre. D’un mouvement régulier, elle balance son crâne comme font les bêtes en cage. Elle est demoiselle de la Congrégation.

Mais elle préfère le gros soleil à l’ombre sonore de la maison de Dieu. Elle aime à s’asseoir au bas des murs, sur les chemins, à tendre vers la chaleur la peau froide de ses mains. Alors la douceur de la vie coule en ondes tièdes dans ses veines. Des lézards la regardent, une mésange vient picorer les grains d’avoine du crottin. Il fait chaud et les enfants ne sortent pas.

Aujourd’hui la naine est joyeuse parce que Suzon va venir au village, chez son frère Jules, et Marie, pendant plusieurs jours, sera invitée. Elle pourra manger tant qu’elle aura faim, boire tant qu’elle aura soif et de belles pièces blanches se serreront bientôt les unes contre les autres au fond de son porte-monnaie. Et plus tard, en hiver, ce sera bon d’acheter chez Madame Hinzelin, la femme du facteur, des rondelles de saucisse et du fromage de cochon. C’est que Suzon est riche, aussi riche que Monsieur le Maire, plus riche peut-être, Mon-