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VAUVENARGUES.


il point né pour l’action et la gloire comme eux pour l’empire, et ne se voyait-il point comme eux dépouillé de son héritage ?

L’action ! voilà le mot qui revient peut être le plus souvent dans les écrits de Vauvenargues, voilà l’image et le rêve qui obsédaient sa pensée. Et il entendait surtout par l’action l’influence sur les affaires humaines, la lutte de l’intelligence aux prises avec les difficultés et avec les hommes. Officier maladif et mécontent, ayant traversé de tristes guerres, instrument passif et subalterne des idées et de la volonté d’autrui, il s’était fait de la politique et de la diplomatie, qui décident de la paix et de la guerre et qui régissent avec tant d’autorité les destinées particulières enveloppées dans la destinée générale, une imposante et séduisante image. De plus, il se croyait capable d’agir sur l’esprit des hommes et particulièrement propre à les pénétrer. C’est évidemment l’idéal du négociateur, le négociateur-moraliste qu’il a voulu pein-