Page:Prévost - Histoire d’une Grecque moderne (Flammarion, 1899), tome I.djvu/100

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cadi, je lui rappelai l’affaire d’un Grec qu’il avait condamné au supplice. Il l’avait si peu oublié que m’en faisant aussitôt le détail, il me donna le plaisir de lui entendre répéter plusieurs fois les noms que je cherchais à connaître.

Le seigneur Grec, dont la femme avait été enlevée, se nommait Paniota Condoidi ; c’était lui-même qui avait reconnu le ravisseur dans une rue de la ville, et qui l’avait fait arrêter. Mais il n’avait tiré de cette rencontre, ajouta le cadi, que la satisfaction d’être vengé ; et la femme, ni la fille, ni ses joyaux, n’avaient point été retrouvés. J’admirai cette réflexion, lorsqu’il me semblait que tous les soins par lesquels on pouvait parvenir à les retrouver effectivement, avaient été négligés. J’en marquai même quelque surprise au cadi.

« Que pouvais-je faire de plus ? me dit-il. Le criminel déclara que la dame et sa fille étaient mortes. Cette déclaration devait être sincère, puisque le seul moyen qui lui restait de conserver sa vie était de les faire paraître, si elles eussent été vivantes : aussi n’eut-il pas plutôt entendu prononcer sa sentence, qu’il espéra de m’embarrasser par des fables ; mais je reconnus bientôt qu’il ne cherchait qu’à tromper ma justice. »

Comme je me rappelais qu’en effet l’exécution de la sentence avait été suspendue, je priai le cadi de m’apprendre la cause de cet incident. Il me dit que le criminel, ayant de-