Page:Prévost - Histoire d’une Grecque moderne (Flammarion, 1899), tome I.djvu/127

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maître de langues. C’étaient des étoffes précieuses, et quantité de bijoux à l’usage des femmes. Il s’était attaché à découvrir de quel air ils seraient reçus de Théophé ; mais il m’assura qu’ayant eu continuellement les yeux sur la porte de son appartement, et le plus souvent qu’il avait pu sur elle-même, il n’avait pas vu porter ces galanteries dans sa chambre.

J’avais si peu de ménagements à garder avec le maître de langues, que ne voulant point d’autre explication que de lui-même, je le fis appeler aussitôt pour me rendre compte de sa conduite. Il comprit au premier mot qu’il avait mal réussi à se déguiser. Et ne se promettant rien de l’artifice, il prit le parti de m’avouer naturellement qu’avec la participation de Théophé, à qui il avait représenté ses besoins, il avait tourné les présents du Sélictar à son usage. La somme d’argent avait eu le même sort que les étoffes.

« Je suis pauvre, me dit-il, j’ai fait entendre à Théophé que les présents sont à elle sans doute, puisqu’ils lui sont envoyés sans condition ; et la reconnaissance qu’elle a cru devoir à quelques petits services que je lui ai rendus, l’a fait consentir à me les abandonner. »

Il me fut aisé, après cet aveu, de pénétrer les motifs qu’il avait eus pour se prêter si facilement à sa fuite. Je perdis aussitôt toute confiance pour un homme capable de cette bassesse, et quoique je ne pusse l’accuser