Page:Prévost - Histoire d’une Grecque moderne (Flammarion, 1899), tome I.djvu/130

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dans un sérail, ou de vivre avec un homme de mon âge, qui réunira tous ses désirs à vous plaire et qui se fera une étude de vous rendre heureuse. »

J’avais tenu les yeux baissés en lui adressant ce discours, comme si j’eusse trop présumé du pouvoir que j’avais sur elle et que ma crainte eût été d’en abuser. Plus occupé même de mes sentiments que d’un projet que j’avais formé avec tant de joie, j’attendais bien plus impatiemment qu’elle s’expliquât sur le goût qu’elle avait pour moi, que sur le repos et la sûreté que je lui laissais envisager dans le parti que je lui proposais. Sa lenteur à répondre me causait déjà de l’inquiétude. Enfin, paraissant sortir d’un doute qu’elle avait eu peine à vaincre, elle me dit que sans changer de sentiment sur la nécessité qu’il y avait pour elle de quitter la Turquie, elle convenait que pour attendre l’occasion que je lui avais permis de chercher, elle serait plus agréablement à la campagne qu’à la ville, et, retombant sur sa reconnaissance, elle ajouta que mes bienfaits étaient sans bornes ; elle ne s’arrêtait plus à chercher quel en serait le prix, puisque en obligeant une infortunée qui n’était capable de rien pour mon service, je ne me proposais sans doute que de satisfaire ma générosité. Il était naturel qu’avec les mouvements qui me pressaient le cœur, je me soulageasse par une déclaration plus ouverte ; mais trop content de la voir disposée à se laisser con-