Page:Prévost - Histoire d’une Grecque moderne (Flammarion, 1899), tome I.djvu/179

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prenant le parti au contraire de lui faire découvrir ses dispositions, sans qu’il s’en aperçût, je feignis d’entrer, plus facilement peut-être qu’il ne s’y attendait, dans les difficultés qu’il venait de m’expliquer.

« Je n’ai pas plus de certitude que vous, lui dis-je, de la naissance de Théophé, et je pense après tout que s’il y a quelque témoignage à désirer là-dessus, c’est celui de votre famille. Ainsi dès que vous vous accorderez tous à ne la pas reconnaître, il ne lui conviendrait pas d’insister un moment sur ses prétentions. »

Cette réponse lui causa une satisfaction que je n’eus pas de peine à démêler. Mais lorsqu’il se préparait sans doute à confirmer ce qu’il m’avait dit par quelque nouvelle preuve, j’ajoutai :

« Si vous êtes aussi persuadé que vous le paraissez qu’elle n’est pas votre sœur, non seulement je ne veux plus que vous lui donniez ce nom, mais je serais fâché que vous vous trouvassiez dans la nécessité de vivre plus longtemps avec elle. Vous retournerez ce soir à Constantinople. »

Ce discours le jeta dans un embarras que je pénétrai encore plus aisément que je n’avais démêlé sa joie. Je ne lui laissai pas le temps de se reconnaître.

« Comme vous avez dû comprendre, ajoutai-je, que c’est la considération que j’ai pour elle qui m’a porté à vous recevoir chez moi, vous devez prévoir que je ne vous