Page:Prévost - Histoire d’une Grecque moderne (Flammarion, 1899), tome I.djvu/193

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et qu’il pouvait espérer de les faire consentir à le laisser du moins à Oru jusqu’à mon retour. Ensuite, craignant, comme il arrivait, que je ne revinsse au moment qu’on m’attendrait le moins, il s’était réduit à gagner par un présent considérable le laquais sur qui je m’étais reposé du soin de le conduire. Je ne sais par quel prétexte il avait coloré sa proposition, mais après l’avoir mis dans ses intérêts, il avait feint de partir avec lui, et ils étaient rentrés tous deux quelques moments après. Synèse s’était renfermé dans sa chambre, et le laquais avait reparu dans la maison au bout de quelques heures, comme s’il était arrivé de la ville après avoir exécuté sa commission.

L’aventure du Sélictar était plus composée. On n’a point oublié que Bema était peu satisfaite de sa condition, et que, soit qu’elle fût piquée que je parusse manquer de confiance pour elle, soit que sa vanité seule lui fît trouver qu’elle n’occupait pas le rang qu’elle méritait dans ma maison, elle me regardait comme un étranger qui ne faisait pas assez de cas de ses talents, et qu’elle ne pouvait servir qu’à regret. Les visites du Sélictar ayant été fréquentes, elle avait trop de pénétration pour n’avoir pas découvert les vues qui l’amenaient. Son caractère, formé à l’intrigue par une longue expérience du sérail, trouva de quoi s’employer agréablement dans ce qui pouvait servir à la venger. Elle s’était procuré l’occasion de parler au