Page:Prévost - Histoire d’une Grecque moderne (Flammarion, 1899), tome I.djvu/29

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auxquels je m’efforçais de répondre par des témoignages continuels de reconnaissance et d’attachement. Sa maison m’était devenue aussi familière que la mienne. J’en connaissais tous les appartements, à l’exception du quartier de ses femmes, vers lequel j’observais même de ne pas jeter les yeux. Il avait remarqué cette affectation, et, ne pouvant douter que je ne connusse du moins la situation de son sérail, il m’avait engagé plusieurs fois à faire quelques tours de promenade avec lui dans son jardin, sur lequel donnait une partie du bâtiment. Enfin, me voyant garder un silence obstiné, il me dit en souriant qu’il admirait ma retenue.

« Vous n’ignorez pas, ajouta-t-il, que j’ai de belles femmes, et vous n’êtes ni d’un âge ni d’un tempérament qui puisse vous inspirer beaucoup d’indifférence pour ce sexe. Je m’étonne que votre curiosité ne vous ait pas fait souhaiter de les voir.

— Je sais vos usages, lui répondis-je froidement, et je ne vous proposerai jamais de les violer en ma faveur. Un peu d’expérience du monde, repris-je en le regardant du même air, m’a fait comprendre, en arrivant dans ce pays, que puisqu’on y apporte tant de précautions à la garde des femmes, la curiosité et l’indiscrétion doivent être les deux vices qu’on y supporte le moins. Pourquoi m’exposerais-je à blesser mes amis par des questions qui pourraient leur déplaire ? »