cet intervalle à la conduite que je devais tenir avec la jeune esclave. Mille raisons semblaient me défendre de la recevoir chez moi ; et m’arrêtant même à ce qu’il y avait de plus flatteur pour moi dans le parti qu’elle avait pris de solliciter mon secours, qui était peut-être l’espérance qu’elle me ferait une composition aisée de ses charmes, mon dessein n’était pas d’en faire ouvertement ma maîtresse.
Je m’étais adressé à mon maître de langues, que j’avais mis dans ma confidence. Il était marié. Sa femme devait recevoir l’esclave des mains de mon valet de chambre, et je me proposais d’aller savoir le lendemain d’elle-même ce qu’elle désirait encore de mon zèle.
Mais les raisons qui avaient arrêté le Sélictar étaient plus fortes que je n’aurais pu me l’imaginer. M’étant rendu chez lui lorsqu’il pensait lui-même à me prévenir par sa visite, mon arrivée et mes premières questions ne laissèrent pas de l’embarrasser. Il demeura quelques moments à me répondre. Ensuite, m’embrassant avec plus de tendresse que je n’en avais remarqué dans son caractère, il me conjura de rappeler à ma mémoire ce que je lui avais assuré la veille dans des termes qui ne lui avaient pas permis de soupçonner ma bonne foi. Il attendit que je les eusse confirmés par de nouvelles assurances, et, recommençant à m’embrasser d’un air plus ouvert et plus