Page:Prévost - Histoire d’une Grecque moderne (Flammarion, 1899), tome I.djvu/96

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la crainte de n’avoir pas saisi tous les sens de mes expressions ou dans celle de l’oublier. Au milieu d’un entretien si sérieux, elle trouvait toujours le moyen de mêler quelques témoignages de la reconnaissance qu’elle me devait ; mais elle m’avait jeté si loin de mes prétentions par les discours qui avaient précédé ces tendres mouvements, que je ne pouvais revenir assez tôt à moi-même pour en tirer l’avantage que j’aurais souhaité. D’ailleurs, l’intervalle était si court, que me faisant passer aussitôt à d’autres pensées par quelque nouvelle question, elle me mettait dans la nécessité continuelle de paraître plus grave et plus sérieux que je n’avais voulu l’être.

Dans l’ardeur qui la rappelait sans cesse à cette espèce de philosophie, à peine me laissa-t-elle le temps de lui communiquer les soupçons que le Sélictar m’avait fait naître sur son origine. Cependant, comme je n’avais pas besoin de préparations pour lui parler de son père, je la priai de suspendre un moment sa curiosité et ses réflexions.

« Il m’est venu un doute, lui dis-je, et vous reconnaîtrez tout d’un coup que c’est l’admiration que j’ai pour vous qui me l’inspire. Mais avant que de vous l’expliquer, j’ai besoin de savoir si vous n’avez jamais connu votre mère. »

Elle me répondit qu’il ne lui en restait pas la moindre trace. Je continuai :