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Page:Prévost - Histoire d’une Grecque moderne (Flammarion, 1899), tome II.djvu/103

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plaisirs que je n’osais plus espérer de l’amour.

Le Sélictar semblait avoir renoncé à toutes ses prétentions. Il m’en avait enfin coûté son amitié, car il ne s’était pas présenté à Oru depuis ma maladie, et si j’avais l’occasion de le voir dans les fréquents voyages que je faisais à Constantinople, je ne lui trouvais plus aucun reste de cette tendre chaleur avec laquelle il s’était toujours empressé de me saluer et de me prévenir avec toutes sortes de politesses. Je ne mettais pas néanmoins de changement dans les miennes. Mais après m’avoir traité pendant quelques semaines avec cette froideur, il parut piqué de m’y voir si peu sensible, et j’appris qu’il s’était plaint fort amèrement de mon procédé. Je me crus alors obligé de lui demander quelque explication de ses plaintes.

Cette conversation fut d’abord assez vive pour m’en faire appréhender des suites fâcheuses. Je me trouvais offensé d’un discours où j’avais su qu’il m’avait peu ménagé, et je n’ignorais pas jusqu’où la modération et le silence sont compatibles avec l’honneur. Il désavoua néanmoins le récit qu’on m’avait fait. Il me promit même de forcer celui dont il avait reçu ce mauvais office à se rétracter avec éclat. Mais n’en étant pas plus traitable sur l’article de Théophé, il me reprocha avec toute la vivacité qu’il avait eue à Oru, d’avoir sacrifié sa tendresse à la mienne.