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Page:Prévost - Histoire d’une Grecque moderne (Flammarion, 1899), tome II.djvu/109

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pas été reçues aussi favorablement qu’il paraissait le souhaiter.

« Mais peut-être serez-vous plus heureux, ajoutai-je, et je suis d’avis que vous ne différiez pas à vous expliquer vous-même. »

Il entrait une joie maligne dans ce conseil. Je brûlais non seulement de voir finir ses importunités par un refus qui lui ôtât tout à fait l’espérance, mais encore plus de jouir parfaitement de mon triomphe en voyant mon rival humilié à mes yeux. C’était le seul plaisir que j’eusse encore tiré de ma passion, et je ne m’y étais jamais livré avec tant de douceur.

Je conduisis le Sélictar à l’appartement de Théophé. Il lui déclara le sujet de sa visite. Ayant eu le temps de méditer sa réponse, elle prit soin de n’y rien mêler qui pût être mortifiant pour lui ; mais son refus me parut si décisif, et les raisons qu’elle en apporta furent exposées avec tant de force, que je ne doutai point qu’il n’en prît aussitôt la même opinion que moi. Aussi ne demanda-t-il point qu’elles lui fussent répétées. Il se leva sans répliquer un seul mot, et, sortant avec moi d’un air moins affligé qu’irrité, il me dit plusieurs fois :

« L’auriez-vous cru ? Devais-je m’y attendre ? »

Et lorsqu’il fut prêt à partir, sans avoir voulu consentir à passer la nuit chez moi, il ajouta en m’embrassant :