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Page:Prévost - Histoire d’une Grecque moderne (Flammarion, 1899), tome II.djvu/114

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me rendre plus sage, parce que je ne connais plus d’autre bien que la sagesse, et que tous les jours je découvre de plus en plus que c’est le seul qui me manque ! »

Des réponses de cette nature m’auraient fait craindre encore que la lecture et la méditation ne lui eussent gâté l’esprit, si je n’eusse remarqué d’ailleurs une égalité admirable dans le fond de son caractère, une modération constante dans tous ses désirs, et toujours le même agrément dans ses discours et dans ses manières.

C’est ici que je commencerais à rougir de ma faiblesse, si je n’avais préparé mes lecteurs à les pardonner à une si belle cause. Je ne puis faire réflexion sur tant de merveilleuses circonstances sans me sentir plus pénétré que jamais de tous les sentiments que j’avais tenus comme en respect depuis plusieurs mois, par la force de mes engagements. Les offres d’un homme tel que le Sélictar, et le refus dont j’avais été témoin avaient tellement changé Théophé à mes yeux, qu’elle me paraissait revêtue de tous les titres qu’elle n’avait point acceptés. Ce n’était pas une esclave que j’avais rachetée, une inconnue qui ne pouvait se faire avouer de son père, une fille malheureusement livrée à la débauche d’un sérail ; je ne voyais plus dans elle, avec toutes les qualités que j’adorais depuis si longtemps, qu’une personne anoblie par la grandeur même qu’elle avait méprisée, et digne de