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Page:Prévost - Histoire d’une Grecque moderne (Flammarion, 1899), tome II.djvu/120

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de ses fautes, qui lui était toujours présent, lui fit prononcer d’injurieux et de méprisant pour elle-même ; elle me conjura d’ouvrir les yeux sur ce tableau, et de ne pas souffrir plus longtemps qu’une indigne passion m’aveuglât. Elle me rappela ce que je devais à ma naissance, à mon rang, à l’honneur même et à la raison, dont j’avais servi moi-même à lui donner les premières idées, et dont je lui avais appris si heureusement les maximes. Elle accusa la fortune de mettre le comble aux malheurs de sa vie, en la faisant servir non seulement à ruiner le repos de son père et de son bienfaiteur, mais à corrompre les principes d’un cœur dont elle prétendait que les vertus avaient été son unique modèle. Et, quittant à la fin le ton de sa douleur et des plaintes pour prendre celui des menaces les plus fermes, elle me protesta que si je ne renonçais point à des désirs qui blessaient également mon devoir et le sien, si je ne me réduisais point aux titres de son protecteur et de son ami, à ces chers et précieux titres auxquels elle demandait encore au Ciel que j’en voulusse toujours joindre les sentiments, elle était résolue de quitter ma maison sans me dire adieu, et tous les biens en un mot qu’elle confessait me devoir, pour me fuir éternellement.

Après cette cruelle protestation elle quitta la posture où elle était encore ; et, me suppliant d’un ton plus modéré de lui pardonner quelques termes peu respectueux que la