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Page:Prévost - Histoire d’une Grecque moderne (Flammarion, 1899), tome II.djvu/126

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lettres de change, ils s’étaient mis en état d’exécuter avec assez d’ordre et de succès le projet de l’établissement. Mais ce qu’il eut peine à me confesser d’abord fut que Synèse était arrivé avec lui à Constantinople. La réponse de Maria Rezati, qu’ils avaient trouvée à leur retour de Raguse, leur ayant fait comprendre que Théophé ne les joindrait pas volontairement, ils étaient venus dans l’espérance de faire plus d’impression sur elle par leurs propres influences ; et le chevalier sensible aux honnêtetés qu’il recevait dans ma maison, ne me dissimula point que le dessein de Synèse était d’employer la violence au défaut des voies qui lui avaient si mal réussi.

« Je trahis mon ami, me dit-il ; mais je suis sûr que vous n’userez pas de ma confidence pour lui nuire ; je vous trahirais d’autant plus cruellement qu’il vous serait impossible de prévenir le coup qui menace votre maison. »

Il ajouta que s’il s’était engagé à seconder Synèse, c’était que dans l’attente où il était de trouver chez moi sa maîtresse, et de retourner avec elle en Morée, il lui avait souhaité une compagne aussi aimable que Théophé, à laquelle il comptait d’ailleurs que les agréments de leur société feraient bientôt trouver à Acade plus de douceurs qu’elle ne s’y en promettait. N’ignorant pas d’ailleurs les efforts que j’avais fait moi-même pour engager Condoidi à la recon-