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Page:Prévost - Histoire d’une Grecque moderne (Flammarion, 1899), tome II.djvu/158

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et, prenant les choses du côté que le bon sens devait les présenter :

« J’en veux croire vos protestations, lui dis-je, et je ne dois pas me persuader aisément que vous m’aviez trompé par de fausses apparences de vertu ; mais si le comte me connaît, quelle espérance avez-vous qu’il puisse vous prendre pour ma fille, lorsqu’il sait, ou qu’il ne peut ignorer longtemps, que je n’ai jamais été marié ? S’il le sait déjà, vous avez trop d’esprit pour ne pas sentir que ses intentions ne peuvent être sincères, et qu’il ne pense qu’à se faire un amusement de votre commerce. S’il l’ignore et que son erreur le fasse penser aujourd’hui à vous épouser comme ma fille, ce dessein ne s’évanouira-t-il pas en apprenant que je ne suis pas votre père ? Mais vous ne l’avez que trop conçu, repris-je en cédant à la jalousie qui me déchirait ; vous n’êtes pas assez simple pour vous être flattée qu’un homme de condition vous épouserait au hasard. Il vous a plu. Vous n’avez consulté que le mouvement de votre cœur, et peut-être vous a-t-il emportée beaucoup plus loin que vous n’osez le confesser. Pourquoi vous figurez-vous que je suis dans votre chambre ? ajoutai-je avec une nouvelle amertume. C’est que j’ai découvert malgré vous votre intrigue. J’ai lu votre passion dans vos yeux, dans vos discours, dans toutes les circonstances de votre conduite. J’ai voulu vous surprendre et vous