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Page:Prévost - Histoire d’une Grecque moderne (Flammarion, 1899), tome II.djvu/180

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libre, qu’il me fit attribuer aussitôt les tourments de M. de S*** à la jalousie. Elle me nomma même l’auteur de mes inquiétudes.

« Il n’est pas satisfait, me dit-elle, de ne pas trouver dans Théophé plus de retour pour sa tendresse. Il l’importune continuellement par ses discours et par ses lettres. Nous nous sommes fait un jeu d’une passion si incommode, et le dépit l’aura porté sans doute à vous en faire des plaintes.

« À l’égard des crimes qu’il vous attribue, vous les connaissez, ajouta-t-elle, puisque je n’ai suivi que vos ordres en procurant à Théophé quelques amusements. »

Elle m’apprit naturellement à quoi se réduisaient leurs plaisirs ; c’étaient les divertissements ordinaires des gens honnêtes de Paris ; et si les deux rivaux qui causaient les alarmes de M. de S *** étaient quelquefois admis à leurs promenades ou à d’autres parties de la même innocence, c’était sans aucune distinction dont ils pussent tirer avantage.

Cette réponse me rendit tranquille, et je ne consolai M. de S*** qu’en l’exhortant à mériter le cœur de Théophé, dont je lui garantis la sagesse et l’innocence.

Ses imaginations n’étaient pas du moins sans fondement. Ma vieille veuve, sans être capable de se porter au désordre ou de l’approuver, avait encore assez d’amour-propre et de vanité pour être le jouet de deux jeunes gens, dont l’un avait entrepris de servir son ami en contrefaisant de l’amour pour une