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Page:Prévost - Histoire d’une Grecque moderne (Flammarion, 1899), tome II.djvu/199

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L’accusatrice voulait entrer brusquement. Je la retins.

« Il est impossible, lui dis-je, qu’on s’échappe à présent sans être aperçu. Cette porte est unique. Et je serais au désespoir de l’outrage que nous ferions à Théophé si elle n’était pas coupable. »

La suivante m’assurait pendant ce temps-là que sa maîtresse était au lit, et qu’elle dormait déjà tranquillement. Mais le seul bruit que nous faisions suffisait pour la réveiller ; nous entendîmes quelques mouvements qui parurent augmenter l’impatience de son ennemie. Il fallut la suivre, et traverser l’antichambre. Théophé, après avoir appelé inutilement sa femme de chambre, qui couchait dans un cabinet voisin, avait suivi apparemment le mouvement de sa crainte, au bruit qu’elle entendait à sa porte. Elle s’était levée, et dans le fond je fus étrangement surpris de la trouver elle-même, qui se présenta pour nous ouvrir.

Son habillement n’avait pas demandé un espace fort long. Elle n’était couverte que d’une robe fort légère ; et je n’étais pas étonné non plus de trouver sa chambre éclairée, parce que je n’ignorais point que c’était son usage. Mais je la voyais levée, lorsqu’on venait de m’assurer qu’elle était endormie. Je lui voyais un air de crainte et d’embarras que je ne pouvais attribuer à la seule surprise qu’elle avait de me voir.

Enfin, l’imagination remplie de toutes les