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Page:Prévost - Histoire d’une Grecque moderne (Flammarion, 1899), tome II.djvu/207

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Je souffrais plus qu’elle d’un spectacle si violent. Enfin, partagé entre mille sentiments qu’il m’aurait trop coûté d’éclaircir, ne pouvant perdre l’opinion que j’avais de l’honneur de Madame de ***, ni me résoudre à la haine et au mépris pour Théophé, je pris, avec plus d’un soupir, le parti de leur imposer silence et de leur recommander également d’effacer jusqu’au souvenir d’une aventure dont la seule idée devait leur causer autant d’horreur qu’à moi.

« Vous ne me quitterez point, dis-je à Théophé, et vous tiendrez une conduite qui puisse braver tous les soupçons. Vous, dis-je à Madame de ***, vous continuerez de vivre chez moi, et s’il vous arrive de renouveler des accusations qui ne soient pas mieux prouvées, vous irez sur-le-champ chercher un autre asile. »

J’étais en droit de lui faire cette menace, parce que c’était ma seule générosité qui la faisait subsister.

J’ai contribué, depuis cette étrange aventure, de jouir de la vue du commerce de Théophé, sans en prétendre d’autre satisfaction que celle de la voir et de l’entendre.

La force de mon mal, et peut-être l’impression qui m’était restée d’une si malheureuse scène, m’ont guéri insensiblement de toutes les atteintes de l’amour.

Si elle s’est livrée à d’autres faiblesses, c’est de ses amants que le public en doit attendre l’histoire. Elles n’ont pas pénétré