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Page:Pradez - La Revanche du Passé, 1900.djvu/102

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Et dans la rue, tous les jours davantage, l’attention éveillée à côté d’elle par sa mère l’exaspérait. Tous les jours elle répétait ces mots qui déchiraient l’oreille maternelle :

— On te regarde trop. Rentrons.

Un jour qu’elles étaient restées vis-à-vis l’une de l’autre du matin au soir presque muettes, la mère, à bout de courage, se leva. Elle sentait le masque de son visage se détacher ; elle ne voulait pas offrir à nu, à l’œil froid d’Élisabeth, le spectacle de sa désolation.

Elle dit, sans la regarder :

— J’ai envie d’aller jusque chez Mme Musseau. Son mari passe toutes ses vacances à X… Peut-être aura-t-il quelques conseils utiles à me donner. Je serai de retour dans une heure.

Élisabeth se leva, vivement. Avec une chaleur d’accent inaccoutumée, elle s’écria :

— Moi aussi, j’irai.

Au nom de Mme Musseau mille piqûres rétrospectives avaient irrité sa mémoire. Une