Page:Pradez - La Revanche du Passé, 1900.djvu/217

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de quelque source fraîche dont aucun limon ne troublerait le cristal, et où elle pût, à longs traits, boire enfin le bonheur.

Ce jour-là, elle n’avait pas revu André depuis le matin, et quand, de la voûte terne et grise du ciel d’hiver, la nuit fut tout à fait tombée, elle alla s’asseoir comme d’ordinaire à côté de la lampe, et, les doigts occupés à quelque chiffon, l’esprit errant, elle commença sa veillée d’attente.

À quelque heure que le jeune homme rentrât, il trouvait sa femme debout, pâle et patiente, et il avait, pour lui expliquer ses longues absences, l’irrégularités des se apparitions, ses rentrées tardives, toujours la même excuse plausible : cette maudite tannerie, qui faute d’argent, ne pouvait pas marcher.

Il s’en prenait à tout le monde : à son oncle, vieil égoïste vivant dans son coin, comme un rat malade resté glouton ; à sa tante, qui se laissait mener pieds et poings liés par un homme imbécile, bourré de principes abra-