Page:Pradez - La Revanche du Passé, 1900.djvu/221

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— Élisabeth !

Une émotion brusque la secoua, elle courut à lui, irradiée ; à cet appel inattendu, presque tendre, ses obscures appréhensions s’éparpillaient comme des feuilles mortes dispersées de-ci de-là par un souffle de brise.

Tout de suite il passa son bras autour de la taille fluette, flexible, et très légèrement il effleura de ses lèvres les yeux, le front, puis doucement, mais délibérément, il éloigna la jeune femme de lui :

— Las… las… nous ne sommes plus des enfants.

Et il y avait dans la voix un tel accent de lassitude qu’Élisabeth frémissante recula d’un pas.

— Ah ! murmura-t-elle suffoquée, tu ne m’aimes plus comme autrefois.

Elle ajouta douloureusement :

— Pourquoi ? Dis-moi pourquoi.

— Il faut me pardonner mes distractions, Élisabeth, dit-il sans se rapprocher d’elle. J’ai des inquiétudes si sérieuses qu’elles me font