Page:Pradez - La Revanche du Passé, 1900.djvu/277

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détruite où se lisait si clairement l’histoire des jours écoulés depuis leur dernière rencontre, le malade avait jeté un cri de surprise pitoyable :

— Oh ! oh !

L’entrevue, dont le but ignoré avait paru la menacer de choses vagues et redoutables, avait pris aussitôt une tournure rassurante. Mme  Georges avait laissé glisser son armure de faux airain, et d’une voix étouffée elle avait ouvert l’écluse amère ; elle avait expliqué sa flétrissure d’un mot :

— J’ai souffert.

Des doigts fiévreux s’étaient aussitôt posés sur sa main, l’avaient prise, et elle avait entendu une voix, une voix humaine lui dire, à elle, à elle :

— Pauvre, pauvre femme. Moi aussi j’ai été dur… injuste… Pardonnez-moi.

Depuis le jour où Élisabeth, toute petite, lorsqu’elle n’était encore qu’une boule de chair sans os ni muscles, avait pour la première fois posé sur elle ses grands yeux noirs