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fausse route

veillance des Charpon et qu’il allait s’en révolter.

En effet, dès qu’ils furent derrière la porte le jeune homme éclata !

— Cet homme… et cette femme… je voudrais les…

Mais comme tout à l’heure, il s’interrompit et se tut.

Quand Suzanne eut allumé la lampe, elle alla poser ses deux mains sur les épaules de son fils adoptif, cherchant comment lui expliquer ce qu’elle voulait lui dire. Enfin elle murmura :

— Longtemps, longtemps avant ta naissance, alors que nous étions libres tous les deux, j’ai aimé ton père de tout mon cœur, Michel. Ses désirs, depuis sa mort, sont restés des lois pour moi. C’est lui qui a choisi ta vocation.

— Je le sais, tante Suzanne, murmura-t-il, et maintenant qu’il n’est plus avec nous, c’est mon devoir de lui obéir.

Elle eut une bouffée de joie égoïste de le sentir pris dans des liens qu’il ne dépendait pas d’elle de briser, et elle l’embrassa en lui disant :

— Tu auras une cure à la campagne près d’ici et nous vivrons ensemble tranquilles et heureux ; tu verras.