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impétuosité qu’auparavant, je gravissais à pas lents la seconde rampe d’escaliers. De nouveau mon ardent désir venait de heurter l’obstacle mystérieux où se brisait tous les jours mon ancienne vivacité joyeuse d’enfant sans souci.

Au moment où je posais la main sur la poignée de la porte jusque-là défendue, une phrase monta du rez-de-chaussée. Claire, brève, distincte, elle traversa l’air comme un son de clairon et elle m’arriva tout entière. Une voix disait :

— J’ai cru vous complaire en permettant à ces enfants de se voir, et je crains déjà d’avoir eu tort. Heureusement, cela ne durera pas.

Je restai immobile sur le seuil de la porte, la main cramponnée au bouton de cuivre, mais sans le tourner. Papa continuait :

— Depuis que cette enfant est ici, elle ne pense qu’à se rapprocher de ce garnement ; il n’y a pas moyen de la distraire de cette idée. Eh bien, à la bonne heure… mais cela ne durera pas.

Une porte se ferma, je n’entendis plus rien.

Tremblante, j’entrai chez Lucien. Il était étendu sur une chaise longue, la figure tournée du côté du jour. Il ne me vit que lorsque