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d’avant la maladie que je ne le reconnaissais presque plus. Enfin, je lui dis :

— Comme vous êtes changé ! Vous êtes devenu très grand et très… maigre. Vous n’avez plus que de la peau.

Il sourit :

— Oui, j’ai été bien malade, si malade qu’un instant j’ai espéré…

— Qu’est-ce que vous avez espéré ?

— Rien. Maintenant que je vous verrai tous les jours, je n’y pense plus.

Comment faut-il vous expliquer cela ? Nous avions vécu sous le même toit sans nous parler, presque sans nous voir et, au bout d’une heure, il nous semblait que nous nous étions toujours connus.

Je le questionnais sur ses longues stations quotidiennes dans le jardin, et il me montrait ses récoltes de petites fleurs étiquetées de noms bizarres, proprement collées sur des feuilles de carton blanc.

Il y en avait une toute petite, délicate, d’un rose fin. Il la détacha et me la donna.

— Elle s’appelle l’herbe aux sorciers, dit-il. On en trouve beaucoup dans les forêts du Nord, elle aime l’ombre et la fraîcheur. Le long du chemin, près de la haie, il y en a