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quille demeure que l’ombre d’un petit jardin séparait de la route.

Isabelle monta directement chez elle, tandis que Jacques allait à la recherche de Philippe. En franchissant la grille, il l’avait aperçu sur un banc du jardinet et tout de suite il vint s’asseoir à côté de lui. Un instant il battit le gravier de sa canne, puis il dit précipitamment :

— Isabelle m’a parlé ouvertement du passé aujourd’hui, Philippe. Elle m’a raconté, jour après jour, l’histoire de sa longue inquiétude. Il n’y a qu’une chose à faire. Il faut à tout prix arriver à une certitude.

Philippe se récria :

— Comme tu dis cela ! À t’entendre, on croirait qu’il n’y a qu’à parler !… Ah ! s’il suffisait de vouloir et de parler, il y a longtemps que ce serait fait.

Jacques poursuivit :

— Ce fantôme entre nous, je ne pourrais pas le supporter. Isabelle n’a qu’un seul désir aujourd’hui, une seule pensée, une passion unique : effacer le souvenir qui se dresse entre elle et toi.

Il resta un moment rêveur, avec un pli profond entre ses sourcils châtains, puis il reprit :