Page:Pradez - Réparation, 1905.djvu/180

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courage de plaider en sa faveur, de dire quand il en était temps un seul mot juste et décisif qui m’aurait arrêté ? C’est moi qui lui ai caché les perspectives de son avenir ? Est-ce que je m’en souvenais, moi ? Mais, elle s’en souvenait, elle ! Est-ce qu’à l’aide de quelques syllabes, elle n’aurait pas pu éveiller ma mémoire ? Mais non, elle a préféré s’accrocher à une parole dite en l’air afin de donner à mon action l’apparence d’une infamie. Et Isabelle la suit partout comme son ombre, et, toi aussi, elle finira par t’entortiller dans je ne sais quelles intrigues ténébreuses, jusqu’à ce que le vide et le désert règnent autour de moi. Et tout cela pourquoi ? Parce que je ne l’aime plus, tandis qu’elle…

Il eut un geste d’impatience et il se tut.

— Et pourtant, Philippe, insista Jacques du même ton froid, je te répète que ce n’est pas ta femme qui a fait partir cet enfant. Elle aurait une excuse, elle, d’ailleurs ; tes plus légers désirs faisaient sa loi ; mais toi, tu n’en as aucune. Sans même te donner la peine de l’analyser, tu as suivi une impulsion mauvaise, et ce n’est qu’après coup que tu as découvert les secrets et vains mobiles auxquels tu obéissais aveuglément. Et aujourd’hui que cet