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— Dans cette cohue de paysans ? vous n’y pensez pas.

— Pourquoi pas ? Tous ces gens ont l’air si heureux. Pourquoi n’irions-nous pas les voir danser ? cela m’amuserait.

Il y eut un court silence, et de très loin le refrain arriva encore une fois, écourté :


Ha, ha, ha ! Ha, ha, ha !


Un mot amer était monté aux lèvres de Jacques en réponse à l’étrange fantaisie d’Isabelle, mais il le ravala et dit simplement :

— Depuis que je vous connais, c’est la première fois que je vous entends exprimer un désir de ce genre, Isabelle.

— C’est que, grâce à vous, dit la jeune fille vivement, j’ai aujourd’hui le cœur plus jeune et plus léger.

En même temps, affectueuse, elle glissa son bras sous celui de Jacques, mais elle le retira presque aussitôt et elle reprit le chemin de la maison d’un pas toujours plus pressé, comme si son désir d’aller voir, de ses yeux, les ébats de cette foule de paysans la talonnait de plus en plus. De temps en temps, par de vastes échancrures ouvertes sur le pays, le groupe des maisons basses aux toits rouges, d’où ve-