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Pendant quelques instants, le gravier cria sous leurs pieds sans que ni l’un ni l’autre reprit la parole. Ils contournèrent la maison, longèrent, l’un derrière l’autre, un étroit sentier faisant le tour du bâtiment, et arrivèrent à un banc où Isabelle s’assit résolument. Jacques prit place à côté d’elle. À travers les taillis, la demeure silencieuse se voyait de tout près, et cette proximité était comme une présence tangible qui les sauvait de la solitude. De temps en temps, une fusée montait au-dessus du toit, s’éparpillait en étincelles, puis, à bout d’élan, s’affaissait sans bruit. Isabelle suivait distraitement la montée des gerbes enflammées et leur disparition, tandis que Jacques considérait le profil droit de sa fiancée. Il dit enfin d’un ton bas :

— Penser que vous êtes à moi, Isabelle ! Quelquefois ce bonheur me semble si grand que je n’ose pas y croire et l’inquiétude me donne des mouvements d’humeur que je n’ai pas toujours le temps de réprimer. Pardonnez-moi si je vous ai parlé trop vivement tout à l’heure.

Isabelle murmura :

— Je n’ai rien à vous pardonner ! C’est moi qui vous peine toujours sans le vouloir.