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d’Isabelle, et l’effroi qu’elle avait ressenti sous le mystère des ombrages touffus la ressaisit brusquement. D’un mouvement irréfléchi, plus prompt que l’éclair, elle se trouva debout, pâle et glacée.

Ils marchèrent du côté de la maison, silencieux. Tout à coup, au contour brusque du sentier, la musique joyeuse de la fête, que le massif bâtiment interceptait, arriva de nouveau jusqu’à eux, accompagnée du boum-boum incessant de la grosse caisse, et, en même temps, ils aperçurent Philippe qui se promenait sur le perron, semblant les attendre.

L’horrible vertige où, pendant une seconde, Isabelle avait frémi en face de son fiancé s’envola comme par miracle. Elle dit humblement :

— Il faut avoir patience avec moi, Jacques. Je ne réussis jamais à vous montrer tout ce que vous êtes pour moi, ni à vous dire clairement…

Elle s’interrompit, cherchant à expliquer d’une façon plausible ce va-et-vient de sentiments qui la jetait aux extrêmes les plus distants sans laisser le temps à sa raison d’intervenir, mais, n’y parvenant pas, elle posa sur