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brûlante pour arriver à voir la mer. Mais son père restait sourd à ses appels, et, au lieu de l’ombre secourable qu’il évoquait, c’était toujours l’image de Germaine, telle qu’elle était dans son grand deuil de veuve, qui surgissait au premier plan. Il la voyait d’abord fraîche et jolie, absorbée par la passion de Philippe, oublieuse de tout le reste, joyeuse et insaisissable. Il la voyait ensuite aller et venir autour de lui, distraitement, jusqu’au jour où il avait saisi dans ses yeux l’éclair qui avait décidé de son sort. Ce jour-là, il avait perçu dans le regard d’ordinaire indifférent de sa belle-mère, le désir ardent de le voir s’en aller pour toujours comme le souhaitait Philippe. C’était le jour même de l’arrivée d’Isabelle. Il était revenu en courant du collège. Tant de questions se pressaient sur ses lèvres au sujet de la petite fille ! Apercevant Germaine seule à une fenêtre du rez-de-chaussée, il s’était hâté de la rejoindre mais sa belle-mère ne l’avait pas entendu entrer. Debout devant la fenêtre ouverte, elle pleurait. Tout à coup, elle s’était retournée et en l’apercevant sa figure s’était crispée. Timidement, il avait essayé de la questionner sur son chagrin, mais elle n’avait pas paru l’entendre. Quelques minutes plus